Au delà des polémiques sur l’actuelle réforme des retraites et sa légitimité, il est nécessaire de poser les termes économiques du débat
Notre système des retraites est appelé système par répartition (en opposition au système par capitalisation). Les actifs (ceux qui travaillent) cotisent pour ceux qui sont à la retraite. Il s’agit d’un système solidaire, une solidarité intergénérationnelle.
Il y a trois leviers pour le financement de ce sytème : le niveau des cotisations, l’age de départ à la retraite et le niveau des retraites. Cela signifie que si un problème de financement se pose (parce que les gens vivent plus longtemps par exemple, ou qu’ils sont plus nombreux, le cas des personnes nées après guerre, baby boomer) alors il faut agir sur un de ces leviers.
Augmenter le niveau des cotisations conssite à faire payer davantage les actifs. Cette action pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Dans le contexte actuel de reprise de l’inflation, augmenter les prélèvements retraite pourrait être niusible à la consommation. Plus les revenus sont faibles, plus la propention à consommer (la part du revenu qui est utilisée pour consommer) est élevée. Il faudrait alors augmenter les cotisations des ménages les plus riches, qui disposent d’une propention à consommer plus faible (leur part d’épargne est plus forte)
Modifier l’âge de départ en retraite (ce que le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre) pose un certain nombre de problème. On repousse l’âge de départ en disant que les gens vivent plus longtemps, dans une certaine mesure cela décale la retraite. Mais les années de travail entre 62 et 64 ans ne sont pas équivalentes aux années entre 82 et 84 ans. Pour la plupart des personnes on retire deux ans de retraite durant lesquelles on était relativement en forme (puisqu’on peut encore travailler) qu’on “échange” contre deux années durant lesquelles on sera probablement (statistiquement parlant) moins en forme.
Par ailleurs, tout le monde n’est pas en état de travailler entre 62 ans et 64 ans. Le caractère penible et fatiguant n’est pas équivalent pour tous les métiers. Travailler sur un chantier à 62 ans est difficile, travailler au même âge, assis dans un bureau est moins pénible. Ensuite, notre société considère que les personnes de plus de 50 ans sont parfois trop agées pour travailler. Le taux de chômage croit avec l’age lors des 10 dernières années de carrière. Repousser l’age de la retraite consiste à condamner les chômeurs à demeurer dans cette situation deux dans de plus. Ce ne seront pas les cotisatiosn retraites qui seront affectées mais le RSA et les indemnités chômage. Ce n’est donc pas une bonne solution.
Enfin, reduire le niveau des pension (la retraite perçue) n’est pas comme la première mesure une bonne solution pour le pouvoir d’achat. Les retraites sont inférieures par définition aux salaires perçus. Les diminuer apauvrirait dangereusement certains retraités.
Alors, n’existe-t-il aucune solution ?
Il faut en fait identifier la nature du problème. Le déficit prévu est de l’ordre de 12 milliards d’euros. C’est beaucoup mais les retraites représentent un montant annuel de plus de 330 milliards d’euro (donc ce déficit s’élève à moins de 4 % du montant des retraites). Il n’était donc pas nécessaire de se dépécher.
Deuxièmement, le déficit est du à la diminution des cotisations, qui provient des exonérations accordées aux entreprises. En clair, on diminue les recettes,et on cherche à faire baisser les dépenses. Il suffit donc de cesser les exonérations qui n’apportent rien à la société. Ces exonérations représentent des effets d’aubaine (les entreprises devaient embaucher et elles le font alors qu’on les aident mais cela ne change rien à la nécessité d’embaucher)
Finalement, ce sujet brulant, ne l’est pas autant qu’on le pense. D’autant plus qu’à chaque décennie, on nous explique qu’il faut sauver le système, et que la réforme est la dernière (cf https://www.vie-publique.fr/eclairage/20111-retraites-les-differentes-reformes-des-de-1993-2014).
Lorsque j’ai commencé à travailler, il fallait cotiser 37 ans et demi pour obtenir une retraite à taux plein à 60 ans. Aujourd’hui, il faut travailler 43 ans pour partir à 64 ans.
Un prochain article traitera de l’inégalité de genre que génère ces réformes.
Shukuru