L’investissement des entreprises françaises est un des moteurs principaux de l’activité économique du pays depuis deux ans. Il a grimpé de 4,3 % l’an passé et la Banque de France table sur une progression de 4,1 % cette année. « Le taux d’investissement des entreprises françaises est significativement supérieur au niveau moyen de la zone euro », s’est félicité François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la banque centrale, jeudi, lors d’un colloque organisé à Paris.
Y aurait-il alors un problème de qualité de l’investissement ? Ce n’est pas impossible. « Le stock de capital en nouvelles technologies rapporté au PIB a stagné ces dernières années », note le gouverneur de la banque centrale. Selon certains critères, la France enregistrerait, il est vrai, un retard en la matière. Ainsi, selon la Fédération internationale de robotique, l’Hexagone comptait 132 robots pour 10.000 emplois industriels en 2016 , contre 309 en Allemagne et 185 en Italie. Autre indicateur parlant, « seule une faible proportion d’entreprises françaises a l’intention d’innover, c’est très préoccupant pour le niveau de gamme à terme », explique l’économiste Jean Pisani-Ferry, citant une enquête de la Banque européenne d’investissement, selon laquelle seules 31 % des sociétés ont investi dans la R&D l’an passé.
Une étude de France Stratégie montrait aussi que, en 2014, seules 63 % disposaient d’un site Internet et que 17 % d’entre elles seulement utilisaient les réseaux sociaux dans leurs relatons clients, contre 25 % en moyenne chez nos voisins. Dans son dernier rapport sur le sujet , la Commission européenne note, elle, que « la France affiche une performance plutôt moyenne en matière de transformation digitale ».
Mais il existe une autre explication possible, avancée cette fois-ci par Sarah Guillou, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Pour elle, « les industriels français investissent plus que leurs concurrents allemands dans les logiciels, ce qui devrait à terme se traduire dans la compétitivité mais il ne faut pas nécessairement en attendre des résultats sur le commerce extérieur ».
D’abord, parce que le taux d’investissement des industriels français dans les équipements est plus faible qu’en Allemagne. « Tout se passe comme si la France avait intériorisé un avenir sans usine », explique-t-elle. Environ 20 % des investissements de l’industrie française servent à acheter des machines, contre 40 % outre-Rhin. Ensuite, « la France exporte surtout des marchandises fabriquées par l’industrie manufacturière. Or ce secteur a énormément perdu de capacités productives ces deux dernières décennies. Le pays ne dispose plus de la force exportatrice nécessaire », avance-t-elle.