- Par Florentin Collomp
- Mis à jour le 18/02/2016 à 11:02
- Publié le 17/02/2016 à 14:58
http://www.lefigaro.fr/international/2016/02/17/01003-20160217ARTFIG00214-brexit-cinq-raisons-pour-lesquelles-les-britanniques-veulent-nous-quitter.php
Depuis des années, les eurosceptiques font campagne pour obtenir un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. Leur argument: depuis l’adhésion du pays en 1973, ratifiée (à 67%) par la population en 1975, l’Europe a complètement changé de nature. Les Britanniques avaient rejoint un grand marché économique et se retrouvent, sans avoir eu leur mot à dire, dans une union politique en marche vers une intégration croissante. Alors qu’a lieu jeudi un sommet européen crucial pour l’avenir du Royaume-Uni dans l’Union européenne, voici leur heure venue pour justifier leurs motivations pour un Brexit.
1- Contrôler l’immigration
Si l’Europe n’apparaît pas en tête des préoccupations des électeurs, c’est en revanche le cas de l’immigration. Depuis plusieurs années se répand un sentiment de «trop plein» en Grande-Bretagne, entretenu par le parti souverainiste Ukip (United Kingdom Independence Party) et, dans son sillage, les partis de gouvernement. Plus de la moitié de l’immigration nette en Grande-Bretagne provient de l’Union européenne, en particulier des pays de l’Est (Pologne, Roumanie, pays baltes…). La liberté de circulation au sein de l’UE empêche Londres d’agir sur ces flux. Pour contrebalancer, le gouvernement a durci les critères d’entrée pour les pays du reste du monde. Les eurosceptiques estiment qu’en dehors de l’UE, le Royaume-Uni pourrait enfin reprendre le contrôle de ses frontières et de sa politique migratoire.
2- Restaurer la souveraineté nationale
La souveraineté de la représentation nationale britannique, «mère de tous les Parlements», est sacrée dans l’esprit des Anglais. Les politiques vivent très mal le sacrifice qu’impose l’appartenance à l’UE, d’où seraient originaires 70% des textes de lois applicables. Ils dénoncent le déficit démocratique des décisions d’une Commission non élue. Les plus durs des eurosceptiques réclament en vain un droit de veto sur les décisions de Bruxelles. À défaut, ils plaident pour une sortie de l’Union qui seule rendrait au Parlement de Westminster sa toute-puissance. Ils abhorrent les décisions politiques issues de consensus à Vingt-Huit, la suprématie de la Cour de justice européenne ou de la Cour européenne des droits de l’homme sur les tribunaux britanniques, ainsi que l’idée d’une politique étrangère ou, pire, d’une défense communes.
3- Quitter un navire qui prend l’eau
La crise de la zone euro qui n’en finit pas, le renflouement de la Grèce à coups de milliards d’euros (auquel le Royaume-Uni n’a pas participé), le naufrage des migrants nourrissent la vision britannique d’échec du projet européen et d’un continent à la dérive. Par contraste, le dynamisme retrouvé depuis deux ans de l’économie britannique les conforte dans l’idée qu’il est grand temps de «se détacher de ce cadavre» pour survivre et prospérer.
4- S’affranchir des régulations de Bruxelles
Si les multinationales sont largement en faveur du maintien dans l’UE, les patrons de petites et moyennes entreprises se plaignent des entraves des normes et régulations imposées par Bruxelles sur leur liberté d’entreprendre. Les agriculteurs critiquent les contraintes de la politique agricole commune. Les pêcheurs souffrent des restrictions imposées par l’UE. La directive sur le temps de travail (48 heures hebdomadaires) est vitupérée, par exemple pour les médecins hospitaliers. La Citypeste contre les normes financières européennes et les limitations imposées sur les bonus des banquiers. Le Brexit permettrait également au Royaume-Uni d’économiser les 11 milliards de livres de sa contribution nette au budget européen.
5- Commercer librement avec le monde
Si l’appartenance au premier marché mondial facilite les échanges commerciaux, les eurosceptiques estiment que Londres pourrait faire mieux hors du cadre de l’UE. Ils voudraient voir Londres reprendre son siège à l’Organisation mondiale du commerce pour signer ses propres partenariats avec des pays extérieurs, comme la Chine, l’Inde, les émergents d’Asie ou d’Amérique latine, et retrouver sa place sur la scène internationale. Ils mettent en avant les relations privilégiées avec les membres du Commonwealth pour dessiner une vision radieuse pour le commerce extérieur britannique post-Brexit.
Voilà les raisons pour lesquels les britanniques ont voté pour la sortie de l’Union Européenne. Les raisons pourraient sembler légitimes mais leur présentation permet d’omettre les conséquences de la sortie (voir article 13 conséquences du Brexit)
Comme souvent dans pareille mésaventure, les politiciens mettent en avant les mauvaises raisons. Nous l’avons vécu avec le traité de Maastricht.
Lorsque le vote a lieu, les citoyens s’aperçoivent des conséquences de cette décision. Il est souvent trop tard pour changer les choses.
Les difficultés du vote actuel sur les conditions de sortie de l’UE montre l’impréparation de cette étape, et le mépris des représentants “du peuple” vis à vis des populations
Shukuru