Document 1
L’influence culturelle parentale s’observe surtout dans le partage d’activités entre les enfants et tel ou tel de leurs parents, voire les deux. Ainsi Anthony (mère sans profession, beau-père carreleur au chômage, père conducteur d’engins agricoles, a commencé il y a cinq ans à regarder le feuilleton, Plus belle la vie (« au début je comprenais pas trop, mais … après ben, j’aimais bien ! Mais je continue à suivre »). Il y a été conduit par ses parents qui, à certains moments de la journée, ont la main mise sur les programmes TV (« c’est les parents qui mettent la télé »)
Thomas (mère enseignante aux beaux-Arts ; père sous-directeur de la direction des construction navales de Toulon ; il vit avec sa mère (« des musées j’en ai vu plein, vu que ma mère est peintre ». A côté des visites de musées et des voyages culturels, Thomas fait de la voile avec ses parents (son père seulement depuis leur séparation).
Fanny Renard, Reproduction des habitudes, Sociologie, 2013
- Quelles différences existent entre les pratiques culturelles de ces deux enfants ?
- Pourquoi existe-t-il ces différences ?
- Quelles conséquences cela peut-il avoir sur les pratiques à l’âge adulte ? Sur les relations à l’âge adulte ? Sur la profession ?
Document 2
Si les enfants d’immigrés constituent une population en moyenne plus défavorisée que les autres élèves, leur réussite au collège est néanmoins très inégale selon les caractéristiques de leur milieu familial : lorsqu’on les compare entre eux, c’est toujours quand leur famille dispose d’un plus fort capital culturel que leurs chances de réussite sont plus élevées. Par ailleurs, leur réussite n’est pas indépendante du nombre de frères et sœurs : au-delà de trois enfants, parcours scolaires et niveau d’acquis se dégradent au fur et à mesure que la fratrie d’accroît.
J-P Caille, A.Cosquéric, E.Miranda et L.Viard-Guillot, la réussite scolaire des enfants d’immigrés au collège … Insee références,22 novembre 2016
- Expliquez la phrase soulignée
- Donnez des exemples
- Pourquoi le nombre d’enfants est-il déterminant dans la réussite ?
Document 3
Guy Bedos affiche un sourire à moitié gêné quand la première question posée par Laurent Ruquier fuse, le 12 septembre, sur le plateau d’On n’est pas couché, où il fait la promo de son auto-biographie, Je me souviendrai de tout (Fayard), porte sur le succès de ses deux enfants, Nicolas (humoriste et metteur en scène) et Victoria (scénariste et comédienne, co-auteur du scénario de La Famille Bélier). “C’est extraordinaire, se gausse l’heureux paternel. J’en viens même à avoir honte d’avoir des enfants qui réussissent, qui sont doués, qui travaillent, alors que le pays, notamment sa jeunesse, est tellement mal en point”.
Guy Bedos n’est évidemment pas le seul artiste dont la progéniture occupe, à sa suite, le devant de la scène. Qu’ils évoluent dans le monde économique, politique ou artistique, les “enfants de” tiennent le haut du pavé dans leurs domaines respectifs. Comme si, cinquante ans après que le sociologue Pierre Bourdieu a pointé du doigt la reproduction sociale des élites en France, l’entre-soi des élites n’avait jamais été aussi intense, et la méritocratie en panne. C’est ce que démontrent les journalistes Aurore Gorius et Anne-Noémie Dorion dans un ouvrage passionnant, Fils et filles de… Enquête sur la nouvelle aristocratie française (éd. La Découverte).
Cette plongée au cœur de la fabrique des privilèges commence dans les fameuses écoles libres des quartiers chics de Paris, où les élites économiques et culturelles envoient leurs chères têtes blondes. On en recensait 150 il y a dix ans, elles sont 700 aujourd’hui. Qu’elles s’appellent Montessori, Ecole internationale bilingue, Montaigne ou Jeannine-Manuel, elles accueillent de nombreux descendants de politiques, d’hommes d’affaires ou de stars, biberonnés de manière précoce à l’anglais, au chinois et aux sorties culturelles.
Parmi les anciens de l’Ecole alsacienne, on compte par exemple les enfants de Simone Veil, Wolinski, Martine Aubry, Elisabeth Guigou, Arnaud Montebourg, Alain Juppé ou encore de Vincent Peillon (“paradoxe extrême”) quelques années avant qu’il ne devienne ministre de l’Education nationale. “Le caractère privé de l’école ne semble pas froisser le patriotisme des hommes politiques, y compris ceux de gauche”, remarquent les auteurs.
Plus tard, ces élèves privilégiés participeront aux mêmes soirées – des rallyes organisés par de grandes familles – et fréquenteront les mêmes boîtes de nuit, comme Le Baron, avenue Marceau, club le plus branché de Paris. Pour intensifier l’entre-soi, ils se retrouvent en vacances ensemble aussi, à Megève ou Saint-Barth, loin de la masse des touristes. Bref tout est fait pour renforcer les dynasties en les unissant.
Mais au-delà des ghettos du gotha déjà parcourus de long en large par les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, et des irréductibles dynasties politiques locales ou partisanes, les auteurs révèlent que les “fils et filles de” monopolisent aussi le monde de la culture. A commencer par le cinéma : “En 22 ans d’existence, les Césars ont ainsi consacré une douzaine d’enfants issus de familles d’artistes ou de professionnels du cinéma”, écrivent-ils, comme Vanessa Paradis (nièce du comédien Didier Pain, qui l’a parrainée à ses débuts), Guillaume Depardieu, Lola Dewaere, Louis Garrel, Chiara Mastroianni, Laura Smet, Pierre Rochefort ou encore Izïa Higelin. Les nouveaux talents récompensés par le meilleur espoir sont donc bien souvent des héritiers.
Ce sont cependant les trois frères de la famille Seydoux qui incarnent le mieux “le family business à la française du septième art”. Jérôme, président de Pathé, Nicolas de Gaumont et Michel, producteur. Léa prolonge cet héritage à l’écran, tandis que la fille de Nicolas, Sidonie Dumas, a pris les rênes de Gaumont en 2004 : “Gaumont fonctionne selon le bon vieux schéma du capitalisme patrimonial”.
Au cours de leurs pérégrinations dynastiques, Aurore Gorius et Anne-Noémie Dorion croisent le chemin d’héritiers dont le patronyme s’avère parfois écrasant, comme l’acteur Marius Colucci, le fils de Coluche. “Je ne peux pas lutter contre mon ascendance. Il y a les ‘fils de’ et les ‘fils de monstres sacrés’”, raconte-t-il. Par la force des choses, à force de baigner dans l’univers cinématographique, il embrasse la même voie que son père. A neuf ans, il exécute son unique duo avec lui, dans un clip réalisé par Jean-Baptiste Mondino. Et à douze ans, grâce à l’amitié de sa mère avec le réalisateur Gérard Mordillat, il décroche son premier rôle dans Cher frangin.
La musique n’échappe pas à ce phénomène de transmission héréditaire. Les métros parisiens ne se sont-ils récemment couverts d’affiches réunissant la famille Chédid (Matthieu, Joseph et Anna) pour promouvoir ses concerts ?
- Que deviennent les enfants de « personnalités » ?
- Pourquoi sont-ils dans les mêmes écoles ?
- Quelles conséquences peuvent avoir la fréquentation des mêmes lieux ?
- S’agit-il de socialisations familiales différenciées ?
Document 4
Jacques, petit commerçant passé de la gauche à la droite « populiste », comme une manifestation de l’effet de la socialisation professionnelle sur les positions politiques et le rapport au politique. L’engagement à gauche de longue date de Jacques, expliqué par sa socialisation primaire familiale, entre peu à peu en tension avec son activité professionnelle (il tient une droguerie-Herboristerie à Genève), qui va l’amener, après des années appartenance au Parti socialiste, à s’engager au sein de l’Union démocratique du centre suisse (située à la droite de la droite).
L.Bargel & M.Darmin, La socialisation politique, www. Politika.io, 2017
- Comment la socialisation dans l’enfance a-t-elle influencé les choix de Jacques ?
- Pourquoi ce changement de croyance ?