Cette expression de Pierre Bourdieu (1930 – 2002) que l’on trouve dans son ouvrage “sur la télévision” (1996).
Les journaux télévisés sont désormais consacrés en partie aux faits divers (souvent il ds’agit de l’ouverture du journal, le premier titre traité). Bourdieu s’est interrogé sur la raison de cette place grandissante dans les journaux télévisés.
Il constate que peu de gens lisent les journaux, la télévision apparaît donc comme le média central. Comme elle touche une grande partie de la population, elle peut être utilisée comme instrument de maintien de l’ordre symbolique.
Le fait divers permet le consensus (tout le monde éprouve du chagrin devant une catastrophe naturelle ou un assassinat d’enfant), et ces faits sont par ailleurs insignifiants (au sens de sans enjeux politiques). Ils ne déclenchent pas de clivage dans la population. La diversion correspond au fait que pendant que l’on parle de fait divers, on n’évoque pas des problèmes plus sérieux qui concernent l’ensemble de la société.
Par ailleurs, aujourd’hui, les faits divers sont instrumentalisés par le pouvoir politique, qui les utilise comme instrument de contrôle social. A partir d’un fait divers, le gouvernement décide de légiférer dans l’urgence, comme si la réponse à cet évènement était nécessairement politique.
Dans ce cadre, le fait divers devient un instrument de domination. Les dominants peuvent exercer leur pouvoir avec l’assentiment des dominés. Un certain nombre de lois liberticide sont le fruit de réaction aux faits divers.