Les conflits existent depuis que les sociétés existent. Dans toute société, des individus, des groupes se côtoient, s’affrontent, se confrontent …
Avec l’émergence de la sociologie, en France à la fin du XIXème siècle chez Durkheim, l’analyse des conflits est reliée à l’évolution, aux transformations de la société, au changement social.
Pour Durkheim, le conflit est une pathologie de la société, il est lié à la division sociale du travail qui octroie à chaque individu une place dans la société. Simmel pense le conflit comme un facteur de cohésion sociale. C’est le conflit qui structure la société.
Il existe deux formes de conflit : le conflit dans les règles (affrontement politique avec des élections) et le conflit sur les règles (remise en causes de celles-ci). Le premier type de conflit renforce l’intégration des individus au groupe.
Le conflit génère du changement social, il fait évoluer la société (exemple de Mai 1968). On retrouve dès lors la pensée de Marx (la lutte des classes est le moteur de l’histoire) mais certains auteurs s’en sont éloignés voyant au centre des luttes, d’autres enjeux que ceux qui découlent de la lutte pour la propriété des moyens de production…
MARX explique le passage des sociétés par différents stades, chacun correspondant à un mode de production régi par une série de lois. Les lois modifient le système, créant les conditions de sa propre destruction. Exemple ; le système capitaliste est condamné à cause de la baisse tendancielle du taux de profit.
DAHRENDORF reconnaît les apports de Marx mais préfère mettre au centre du conflit la recherche de l’autorité c’est à dire, la capacité à exercer un pouvoir sur les agents. Il existe une division de la société entre dominants (détenteurs de l’autorité) et dominés (soumis à l’exercice de celle-ci). Il révise la notion de classe car le pouvoir dépend de la sphère dans laquelle on se trouve (professionnelle, religieuse, politique…) la constitution de la société ne peut donc se résumer à deux groupes.
TOURAINE pense qu’il existe un problème de validité de la théorie par rapport à l’histoire (historicité). L’opposition classe dominante/classe dominée provient de la détention par les premiers des moyens de production (comme Marx) mais aussi de l’orientation que les dominants imposent (modèle technologique, culturel…)
On assiste par ailleurs depuis quelques décennies, à une évolution des conflits sociaux :
– les conflits du travail se modifient
Le nombre de journées de grèves diminue en France depuis les années 70, comme le nombre d’adhérents des syndicats. Les conflits du travail débouchent parfois sur d’autres formes d’organisation extérieures aux syndicats (coordinations)
– la transformation des conflits de classe
La structure sociale n’est plus clairement établie autour de deux pôles. Les classes moyennes apparaissent remettant en cause la théorie de Marx (moyennisation de Mendras et recul du conflit de classe)
Bourdieu pense que le conflit de classe existe toujours mais qu’il s’est déplacé et concerne désormais des enjeux symboliques.
– de nouveaux mouvements apparaissent
Les noirs aux Etats-Unis, les étudiants 1968, les féministes, les écologistes, les régionalistes…
Ces conflits concernent des valeurs, des pratiques sociales et culturelles et non plus la production et l’économie
Touraine y a vu le passage de la société industrielle à la société postindustrielle. Le mouvement ouvrier était caractéristique de la société industrielle, quel sera celui de la société postindustrielle
– le répertoire de l’action collective se modifie :
Le recours systématique à la grève diminue, on l’a évoqué plus haut. Se développent d’autres moyens : la pétition, le boycott … utilisant davantage les médias.
La principale difficulté de la mobilisation est le paradoxe d’Olson (passager clandestin). Les individus qui se mobilisent supportent un coût qui n’est pas compensé nécessairement par un gain. Ceci a tendance à limiter l’action collective.