Sans grande surprise, la négociation entre les partenaires sociaux pour réformer le marché du travail va jouer les prolongations. François Hollande avait donné aux syndicats et au Medef jusqu’à la fin de l’année pour trouver un accord, faute de quoi le gouvernement passerait par une loi. Il faudra attendre au mieux la mi-janvier pour être fixé sur l’avenir d’un texte dont la complexité technique masque parfois l’importance politique. Le chef de l’Etat n’a pas, vendredi matin, renouvelé son appel à trouver “un accord historique”. Mais l’issue de cette discussion entre le Medef et les syndicats reste pour lui majeure. Elle en dira long sur la tournure que prendra le quinquennat sur les questions économiques et sociales.
Sur le fond, d’abord, si accord il devait y avoir, il s’agira bien d’une petite révolution. Taxation des contrats précaires contre modulation possible des salaires et du temps de travail en fonction de l’activité de l’entreprise, durcissement des possibilités de recours en cas de licenciement contre plus de droits aux salariés (“droits rechargeables” en cas de chômage, généralisation des complémentaires santé) : le marché du travail sera ou ne sera pas profondément modifié.
Sur le plan politique, après le pacte de compétitivité et ses 20 milliards d’euros accordés aux entreprises, qu’il a refusé de considérer comme un tournant, François Hollande a besoin d’envoyer des signaux sur sa gauche. Les syndicats font de la taxation des contrats précaires pour dissuader les entreprises d’en abuser le marqueur indépassable pour signer le texte. Pour l’instant, l’organisation patronale refuse d’aborder cette question au risque de faire capoter les discussions. Depuis l’élection de François Hollande, Laurence Parisot a souvent donné le sentiment de diriger une filiale de l’UMP. Ce sentiment sera conforté si l’organisation patronale devait porter la responsabilité d’un non-accord. Quel rôle veut faire jouer Laurence Parisot au Medef sous un gouvernement de gauche ? Réponse à l’issue de cette négociation…
Article du Nouvel Observateur Paul Quinio 21/12/2012
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20121221.OBS3403/marche-du-travail-le-rendez-vous-de-janvier.html
Cet article montre l’échec des négociations entre les syndicats et le patronat sur la réforme du marché du travail.
Rien d’étonnant à cela, tout d’abord les points de vue sont opposés : le MEDEF souhaite flexibiliser le marché du travail, tandis que les syndicats veulent “sécuriser” les travailleurs. Comme toute négociation, pour trouver un accord il faut que les deux parties fassent des concessions, ce qui toujours difficile.
Est-il nécessaire de réformer le marché du travail ,
L’idée de réforme est basée sur le constat que le marché ne fonctionne pas correctement (selon la théorie néo classique) puisque le chômage involontaire existe, que les salaires ne sont pas flexibles …
Qui gagnera à la réforme du marché ?
Elle est présentée comme un progrès pour tous, les patrons pourront mieux gérer leurs salariés (embauche, licenciement …) les travailleurs trouveront plus facilement un emploi correspondant à leur qualification.
Le constat n’est cependant pas aussi évident. En période de crise économique, avec un niveau de chômage à la hausse, il y a nécessairement une asymétrie dans la négociation, les syndicats ont plus à perdre de l’absence d’un accord. Il y a donc fort à parier que l’accord trouvé flexibilisera encore davantage le marché du travail. Il faudra alors que l’Etat intervienne pour construire une flexicurité qui permettrait de satisfaire tout le monde.
Il semble que le débat est tronqué, il serait utopique de croire que de la négociation sortira une solution satisfaisante pour les deux parties.
Shukuru