Un article publié aujourd’hui sur le site du monde
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/01/la-lecon-d-economie-de-pascal-lamy-a-arnaud-montebourg_1841081_3234.html
Le directeur général sortant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’en prend à Arnaud Montebourg. Pascal Lamy, ancien commissaire européen, un socialiste souvent présenté comme ministrable lorsque son mandat à Genève prendra fin, le 31 août, a par ailleurs souligné sur RMC Info et BFMTV la nécessité pour la France de “faire de la réforme” pour retrouver de la compétitivité.
“Une partie du problème vient que, disons, le GPS des Français est un peu détraqué”, a-t-il estimé. Et “s’il y a un exemple de GPS qui, à mon avis, a quelques problèmes, c’est lui”, a-t-il poursuivi, alors qu’il était interrogé sur le ministre du redressement productif, qui a déclaré en octobre dernier que “le bilan du libre-échange mondial proposé par l’OMC est un désastre”.
“Je pense qu’il n’a pas les bons chiffres en tête. Quand on regarde l’économie française dans le monde tel qu’il est, les problèmes qu’il met en avant – c’est-à-dire, c’est la faute à la concurrence des Chinois – c’est pas ça”, a dit Pascal Lamy.
“C’est vrai que les Chinois sont payés cinq fois moins que les Français, mais les Chinois sont cinq fois moins productifs que les Français, et comme ce qui compte, c’est la productivité horaire, il ne faut pas en déduire que les Chinois font du dumping, a-t-il expliqué.
“Les Français, a poursuivi Pascal Lamy, considèrent qu’ils sont une espèce d’îlot de bonheur provisoire dans un monde de catastrophes ; ça n’est pas la bonne perspective. (…) On ne peut pas en déduire que si la France a des problèmes, c’est le monde qu’il faut changer. (…) Cette globalisation, elle a des bons côtés et des pas bons côtés. Il y a en qui s’en sortent. (…) Je pense (…) que la France a des tas d’atouts pour s’en sortir, simplement, elle ne les voit pas, a jugé le directeur général de l’OMC.
“La solution de la croissance, c’est la compétitivité” a-t-il affirmé, en soulignant la nécessité de réformes structurelles profondes. C’est faisable. Simplement, pour ça, il faut une perspective, il faut avoir envie de le faire”, a-t-il dit à l’adresse de l’exécutif.
Une très belle intervention dans les médias qui n’apporte strictement aucune solution pour sortir de la de crise.
Si l’on écoute Mr Lamy, on découvre qu’il n’aime pas le ministre du redressement productif. C’est un point de vue personnel qui n’a aucun intérêt. En revanche, l’analyse économique de Mr Lamy est particulièrement défaillante. Le différentiel de coût du travail existe effectivement entre la France et la Chine, tout comme le différentiel de productivité. Il est très simplificateur et simpliste de les mettre au même niveau et de prétendre ainsi qu’ils s’annulent. La productivité française est très élevée mais les comparaisons sont difficiles parce que cela dépend de ce que l’on compare : l’ensemble des travailleurs français et chinois, les seuls ouvriers, les travailleurs de l’industrie … L’argument présenté n’est donc pas étayé.
Ensuite le dumping social ne renvoie pas exclusivement à al productivité. Les travailleurs chinois ne disposent pas de la même couverture sociale que les français (retraite, maladie …) et c’est ce qui permet d’avoir un coût du travail faible. Certes, l’auteur ne se préoccupent pas de la retraite des travailleurs chinois mais il faut l’intégrer dans le raisonnement.
Sur les réformes à réaliser, il me semble que l’ancien président de la République en était également friand. Mais en soi cela ne veut rien dire : il faut faire des réformes ! Evidemment la France de 2013 n’est pas celle de 1980, il faut donc adapter le marché du travail, les qualifications, les réglementations … Mais l’affirmer de manière péremptoire n’apporte rien à l’analyse des réformes à faire.
Sur le constat de la mondialisation, il y a des gagnants, il y a des perdants … C’est une très belle analyse qui me laisse rêveur. Une fois cette analyse faite, on est bien avancé dans la réflexion.
Enfin, sur la compétitivité qui permet la croissance, c’est une évidence. Mais là encore, le problème c’est que Mr Lamy n’apporte aucune solution, aucune analyse de la situation. Nous traversons une grave crise depuis 2008, la France n’est pas le pays qui s’en sort le moins, les leçons du FMI (qui a pourtant montré qu’il s’était trompé depuis des décennies) n’ont donc aucune portée.
l’article dit que Mr Lamy pourrait devenir ministre d’ici la fin de l’année.
Eu égard à son niveau d’analyse économique, je ne crois pas que ce soit une bonne chose pour notre pays.
Shukuru