Quels liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ?
Durkheim, sociologue français a défini, en 1893 dans son ouvrage “De la division du travail social”, deux types de solidarité.
La solidarité mécanique s’exerce dans les sociétés traditionnelles, elle est fondée sur la similitude entre les membres du groupe.
La solidarité organique que l’on trouve dans les sociétés modernes, est fondée sur la complémentarité et la différenciation des membres du groupe.
C’est l’exercice de la solidarité qui permet le lien social et donc la vie en société. La solidarité permet l’intégration des individus au groupe. C’est la division du travail qui, en spécialisant les individus, a provoqué le passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique.
Néanmoins, nos sociétés connaissent des problèmes de cohésion. Ils sont liés à des situations d’anomie (lorsque l’individu perd ses repère dans la société parce que les normes collectives sont affaiblies) ou de désaffiliation (fragilisation du lien social qui mène à l’exclusion, à la pauvreté …). De même, l’individualisme peut nuire à la cohésion sociale, puisque l’individu prendrait une place “trop importante” par rapport au groupe.
Le lien social, qui provient de la socialisation et de l’intégration, est en permanence fragilisé, et doit être “entretenu”.
Si la division du travail a modifié la société et les relations entre les individus en faisant disparaître la solidarité mécanique, d’autres liens ont pu se créer ou se maintenir. Ainsi, les associations se réinventent pour permettre de créer du lien. Dans une certaine mesure, la société s’adapte aux bouleversements qu’elle crée. Les liens communautaires n’ont pas totalement disparu, ils se sont transformés (exemple de la pratique religieuse…)
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Un autre aspect doit être relevé, il concerne l’évolution des instances d’intégration. La famille (sous ses nouvelles formes, recomposées, monoparentale, homoparentale …), l’école (dans un cadre de massification), le travail (montée des CDD et disparition de la linéarité des parcours professionnels), l’Etat (évolution de l’Etat providence) se sont profondément transformés depuis quelques décennies. Le rôle que chaque instance jouait, ne peut plus être le même en 2013 qu’il l’était en 1973. Ces instances se sont donc adaptées pour permettre, dans une société en pleine évolution (montée de l’individualisme) le maintien d’une certaine cohésion sociale.