La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ?
Une société rassemble des individus différents, avec des aspirations différentes et des modes de vie qui peuvent être différents. Il est donc normal que des tensions existent. Ces tensions peuvent prendre des formes plus radicales, on parle dans ce cas de conflits sociaux. Le conflit est un blocage des mécanismes de décision liés à l’affrontement d’individus ou de groupes d’individus.
Un conflit n’est donc pas neutre, il faut évoluer la société ou au contraire l’en empêche.
Deux grands courants de la sociologie ont étudié les conflits. Le premier avec Durkheim, inscrit les conflits conflits comme une pathologie de l’intégration, le second avec Marx, présente les conflits comme un moteur du changement social.
Durkheim analyse le conflit comme une pathologie de l’intégration c’est à dire une manifestation des difficultés d’intégration de certains individus ou groupe. Le conflit est dans ce cas, un facteur d’intégration. la division du travail a bouleversé l’organisation de la société et redéfinit la place de chaque individu a modifié les règles, transformé la solidarité. Dans ce cadre, les individus sont “perdus” et ne trouvent pas leur place dans la société. ils s’affrontent alors.
Marx présente le conflit comme une situation inhérente à la société capitaliste. La divergence d’intérêt entre les classes sociales (partage du fruit du travail / de la plus value) engendre des conflits. Ces conflits vont permettre le changement social, c’est à dire l’évolution de la société. Le conflit de classe dans la société capitaliste doit aboutir à la disparition du système capitaliste basé sur l’exploitation du travail des individus.
Ces deux approches doivent être complétées par une analyse du conflit (comment se déclenche-t-il ? comment se développe-t-il ? comment se résout il ?). Ces questions sont d’autant plus complexes que nous connaissons une situation appelée paradoxe d’Olson (paradoxe de l’action collective : les individus ont intérêt à ne pas participer à une action collective, dans la mesure où le coût de la participation est important et le gain est aléatoire).
L’histoire sociale française montre une évolution des conflits sociaux. Initiés au XXème siècle par les syndicats, les conflits ont depuis le XIXème siècle été principalement des conflits du travail. Le recul des syndicats (faible syndicalisation en France, inférieure à 8%) l’évolution du marché du travail (montée de la précarité, carrière morcelée ..) la montée de l’individualisme, l’augmentation du niveau de vie … ont participé du recul des conflits du travail. Aujourd’hui, de nouveaux mouvements sociaux (NMS) sont apparus. Ils concernent souvent des valeurs post matérialistes (environnement …) et transcendent les milieux sociaux (fort recul des conflits de classe).
Avec ces nouveaux mouvements sociaux, le répertoire de l’action collective (les actes et actions réalisés dans le cadre d’un conflit), ont évolué. Il n’y a pas d’intérêt à faire une grève pour défendre les ours blancs. Les modes d’action oint changé, la médiatisation des actions s’est accrue.
Les conflits se sont peu à peu institutionnalisés, les pouvoirs publics interviennent fréquemment dans la régulation des conflits.