Comment s’articulent marché du travail et organisation dans la gestion de l’emploi ?
Le marché du travail selon l’analyse néoclassique est un marché qui fonctionne comme les autres.Il est le lieu de la confrontation d’une offre de travail (les individus) et d’une demande de travail (les entreprises). Leur rencontre sur le marché détermine un prix d’équilibre (principe du tâtonnement Walrasien).
L’offre de travail est une fonction croissante du salaire réel, tandis que la demande est une fonction décroissante du coût salarial (l’entreprise compare le coût du travail à sa productivité marginale, il embauche tant que la différence est positive)
Les individus effectuent un calcul coût avantage du travail par rapport au loisir, pour déterminer s’ils sont prêts à abandonner du temps de loisir pour travailler
En situation de concurrence pure et parfaite, il existe un prix d’équilibre (salaire), qui détermine une quantité offerte et une quantité demandée. Il n’existe pas de chômeurs involontaires (des personnes qui souhaiteraient travailler aux conditions du marché et qui ne trouve pas de demande).
Cette représentation théorique du marché du travail est éloignée de la réalité, laquelle est beaucoup plus complexe.Il existe donc des déséquilibres et du chômage involontaire. L’intervention de l’Etat peut être facteur de déséquilibre, si elle amène à empêcher d’atteindre le salaire d’équilibre (SMIC trop élevé, ou allocations qui désincitent au travail en augmentant le coût d’opportunité du loisir).
De nouvelles théories sont apparues dans la deuxième moitié du 20ème siècle pour expliquer le chômage sans remettre en cause le modèle néo classique (voir article sur les théories du chômage)
La théorie de la segmentation du marché du travail
Durant les trente glorieuses, les entreprises malgré les forts gains de productivité manquaient de m d’o (recours à l’immigration). Elles essayaient de limiter le turn over en accordant des avantages à la m d’o en place (salaires, avantages sociaux…). Avec la crise les entreprises se sont trouvées fragilisées sur le marché des produits (concurrence accrue) mais renforcées sur le marché du travail.
La stratégie que les entreprises utilisent est la segmentation du marché du travail, elle va permettre une nouvelle gestion du personnel.
Le marché primaire constitué de la main d’oeuvre qualifiée représente le noyau dur de la main d’oeuvre, celle dont on a besoin et à laquelle on continue d’accorder un certain nombre d’avantages.
Le marché secondaire constitué d’une main d’oeuvre moins expérimentée et moins qualifiée permet donc d’opérer les ajustements de m d’o nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise. C’est un marché où règne la précarité et la flexibilité (CDI et intérim). Externalisation d’une partie de la production (entretien, surveillance) filiales ou sous traitance utilise cette main d’oeuvre. Cet émiettement du marché du travail permet d’abaisser les coûts du travail, et de limiter les revendications (pas de syndicat…), il permet également d’ajuster les flux de main d’oeuvre au flux de production.
Cette théorie s’inspire du marxisme et de l’institutionnalisme (remise en cause des NC et accent sur les institutions, et les faits socioculturels. il existerait une société duale où coexiste un secteur central monopoliste constitué de grandes entreprise et d’un secteur périphérique plus concurrentiel composé de petites entreprises. Ce dualisme engendre celui du marché du travail. Avec la crise on peut constater qu’il existe un dualisme à l’intérieur de l’entreprise elle même.
La théorie des salaires d’efficience
Constat effectué par A.Marshall dans la mouvance Néo classique. Si le salaire est supérieur à la productivité marginale du travail, c’est à cause du comportement des firmes. Il y a asymétrie de l’information entre les entreprises et les salariés (l’entreprise ne connaît pas la qualité de la personne qu’elle embauche, ni l’intensité du travail qu’elle peut réaliser) pour se prémunir contre le risque d’embaucher un individu pas assez performant, l’entreprise propose un salaire plus élevé qu’elle ne devrait, afin d’attirer les meilleurs candidats (ils ne postule dans une entreprise que si le salaire qu’ils recevraient rémunérerait leur capacité exacte). Les salariés qui ont accepté ce poste ne retrouveront pas un salaire aussi élevé s’ils quittent l’entreprise d’où un accord tacite grâce à un niveau de salaire supérieur à la norme.
Cette théorie explique donc l’existence des salaires différents selon les secteurs, pur des travailleurs ayant la même qualification. Elle explique le chômage involontaire
Le point de départ : les entreprises fixent les salaires (différent de la théorie) salaire endogène et non exogène. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il y ait équilibre entre O et D
La théorie des contrats implicites
Apparue au milieu des années 70 alors que le chômage augmente régulièrement aux Etats-Unis et en Europe. Répondre à la question : pourquoi les variations de salaires ne sont pas assez fortes pour rétablir l’équilibre sur le marché du plein emploi ? Pourquoi la flexibilité des salaires n’est-elle pas suffisante ? Pourquoi les salaires subissent des fluctuations moins fortes que l’emploi ?
L’entreprise craint moins le risque que le salarié (aversion pour le risque). En période de croissance, le salaire est inférieur à la productivité marginale du travail (c’est une prime que le salarié accepte de verser pour obtenir une garantie de salaire en période de crise). En période de crise, le salaire est supérieur à la productivité marginale du travail. Le salaire ne varie donc pas autant qu’il le devrait en fonction de la conjoncture économique. Il est limité par un plafond et un plancher fictif.
La théorie du job search
Théorie de la recherche d’emploi : certains individus cessent de travailler dans le but de trouver un emploi mieux rémunéré. Expliquer le développement d’un chômage volontaire. On part du constat qu’il existe du chômage et des emplois vacants. C’est le résultat d’un problème d’information sur le marché. Pour un individu, il est plus facile de collecter des informations sur les emplois lorsqu’on est chômeur (plus de temps…) Donc le chômage est un investissement rationnel qui permet de collecter les informations pour trouver le travail que l’on recherche. Calcul rationnel coût du chômage, avantage de cette situation. Mais, plus on reste longtemps au chômage, plus il est difficile de trouver un emploi. Donc, il arrivera un moment où il sera plus rentable de travailler que de rester au chômage. Mais cette situation est longue à réaliser d’où le délai important pour que les salaires diminuent afin de rétablir l’équilibre sur le marché du travail. Cette théorie n’explique donc pas le chômage massif.
L’institutionnalisation de la relation salariale
Au XXème siècle, les relations professionnelles se sont institutionnalisées par la reconnaissance légale des partenaires sociaux, c’est-à-dire des syndicats de salariés et d’organismes de représentation des employeurs et la construction de normes d’emploi
L’Etat régule l’emploi en instaurant le cadre des négociations collectives, en consolidant le salariat
Le chômage a ainsi été en quelque sorte inventé au début du XXème siècle, lorsque l’Etat et les partenaires sociaux ont catégorisé les cas multiples et diversifiés de privation involontaire d’emploi comme une situation commune dont les contours statistiques ont été codifiés, et comme une question sociale relevant d’une prise en charge collective, légitimant le versement d’une prestation et un accompagnement dans la recherche d’emploi
La façon dont la relation salariale s’est institutionnalisée dépend des conditions du jeu de la coopération et du conflit, qui sont spécifiques à une société et une époque donnée, et qui ont des effets durables tout en étant évolutives. L’Etat régule les rapport salariaux (en instaurant un code du travail), en reconnaissant des droits et des devoirs aux travailleurs et aux employeurs. La durée légale du travail (35 heures) ou le salaire minimum (SMIC) sont des exemples de l’intervention de l’Etat.
Le salaire devient une norme, il n’est plus individualisé et donc ne dépend plus de la seule productivité de l’individu comme on le voit dans la théorie néo classique.